Papa était militaire et en 1953 il s'est porté
volontaire pour l'Indochine, il est donc parti sur le
fameux bateau ''Le Pasteur'' qui était un des fleurons
de la flotte Française en ce beau jour ensoleillé de mai
1953, ma mère et moi on l'avait accompagné à Oran d'ou
il partait, toute la journée on s'était promené et mon
père me tenait par le cou, le temps était
resplendissant, mes yeux d'enfant s'émerveillaient en
découvrant cette grande ville d'Oran, ces supers
magasins, et combien nombreux (j'avais tout juste 9 ans
1/2), c'était aussi la première fois que je voyais la
mer. Maman qui était aussi très pieuse avait fait le
voeux si Papa revenait sauf de monter à Santa Cruz pieds
nus. Le soir alors qu'on avait pris le car de la SCFA du
retour sur Mascara, elle s'était penché pour m'embrasser
et avait senti sur mon cou l'odeur de cigarette (Papa
fumait et sa main avait laissé sur mon cou l'odeur de
Bastos). Pendant les deux heures que durait le trajet de
retour elle s'était penchée plusieurs fois pour sentir
mon cou et avait pleuré, je me rappelle de ses sanglots
et j'essayais de la consoler mais en vain, elle n'avait
pas voulu que je me lave pendant une semaine pour
pouvoir de temps en temps sentir mon cou.
Deux ans plus tard Papa est revenu et Maman a donc fait
le pèlerinage à Santa Cruz, c'était aussi une belle
journée, nous sommes arrivés au pied de la montagne et
Maman a enlevée ses chaussures et nous avons commencer
l'ascension de la route caillouteuse qui serpentait le
long des flancs du ''Murdjadjo'' (nom de la montagne) ,
Je marchais devant mon père et ma mère en enlevant les
plus gros cailloux du chemin pour épargné les pieds de
maman, je lui disait ou c'était moins rocailleux, il
faisait chaud, mon père avait sa tenue d'été mais malgré
ca il suait et avait enlevé son képi bleu ciel avec le
dessus rouge garni d'une sorte de croix bouclée en fils
d'or que je portais fièrement.
De temps à autre à travers les arbres en regardant vers
le haut du Murdjadjo, on apercevait la tour surmontée de
la vierge, et je disais à maman "Regardes Maman comme la
vierge elle te tend les bras, allez on est pas
loin....''

On avait finalement rejoins la basilique,
quelle vue ! c'était incroyable, la mer à perte de vue,
la ville d'Oran toute à nos pieds et juste au dessus le
Fort de Mers El Kébir, c'était plus que beau, j'en
croyais pas mes yeux et j'étais avec mes parents qui se
tenaient l'un contre l'autre, c'était le bonheur total.
Je penses que ces images resterons en moi jusqu'a mon
dernier souffle, elles font partie d'un super diaporama
en technicolor avec à la fin un petit noir qui fait
tourner ses yeux (tu te rappelles ?) Afric Fim 13 Rue
Auber Alger.........
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