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Monsieur TAHAR, était notre professeur d'Arabe, il
aurait pu être tout autant, celui de Français ou de Latin, tant son
érudition était immense.
A chaque cours, il nous donnait la sémantique des
mots étudiés, leurs origines, Latines, Grecques ou Françaises.
Inversement, il extrayait dans leur contexte les mots
issus de l'Arabe.
Il mettait tout son savoir à parfaire notre éducation
linguistique, à nous faire aimer la langue que nous étudions.
Nous pouvions juste lui reprocher, la manière qu'il
employait pour nous faire retenir, poèmes et textes que nous devions
apprendre.
Il pensait que nous étions élèves dans une ZAOUIA (
Medersa où lieu d'apprentissage Musulman) et il nous faisait psalmodier,
c'est à dire répéter à hautes voix et d'une façon répétitive les mêmes
vers ou textes étudiés.
Cela pouvait durer de très, très longues minutes.
Ces exercices nous plaisaient, nous avions adopté un
tempo particulier. Jamais le même. Certaines fois il allait crescendo puis
redescendait moderato.
Cela faisait une mélodie qui devait lui être
agréable, il fermait les yeux et semblait s'endormir !
Nous profitions de cet instant pour psalmodier
beaucoup plus fort, ce qui avait pour effet de le faire sursauter.
Nous reprenions alors normalement nos litanies avec
application.
Au début de chaque cours, il prenait un ou deux
élèves au hasard de son regard, les faisait venir au tableau, l'un après
l'autre, et leur demandait de réciter la dernière
leçon apprise en commun. Si l'élève ne savait pas
répondre, il retournait à sa place tandis que le Maître levant deux
longs doigts de la main droite en forme de V disait:
''SAATINE'' c'est à dire DEUX HEURES. Il s'appliquait
à noter le nom de l'élève sur une feuille pliée en accordéon, qu'il
rangeait dans sa grande serviette de cuir marron.
Deux heures de consigne à faire le jeudi matin pour
un externe, c'était peu.Tandis que pour un interne c'était
quatre heures à faire en permanence le dimanche matin.
Si la ''colle'' était de quatre heures, l'interne
était condamné à la promenade du dimanche au bois de St André avec les
''minots'' de 6° et de 5° en se tenant par la main.(les boules
comme on dirait aujourd'hui )
Un lundi après midi, Maître Tahar interrogea notre
ami Claude PUCH (disparu depuis ) et lui demanda de réciter sa leçon !
Celui-ci n'en savait pas un mot alors la sentence
tomba ;''SAATINE''....
Claude retourna à sa place en grommelant, le prof
énervé, lui demanda :Cela ne vous plaît pas...! Que dites vous ?
Comme Claude ne répondit pas, Lucien RIVAS excellent
élève en Arabe répondit :
"Monsieur Claude a dit, que c'était hier les
élections législatives et que les deux voix que vous avez eues à
DUBLINEAU étaient celles de son père et de sa mère"
La réflexion amusa et d'étendit notre compatissant
professeur, il leva la punition de deux heures de "colle" et lui dit :
Tachez de savoir votre leçon pour le prochain cours
!!!!!
Camege
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