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Les wagons à la gare « année 52/53 »
Des fois ne sachant pas quoi faire, nous décidions d’aller à la gare faire
dérailler les wagons de marchandises. A cet âge, on est vachement crédule,
et un copain plus âgé s’était venté d’avoir fait dérailler un wagon de
marchandises avec soi-disant une pièce de 5 FR en aluminium. Donc, on s’est
dit : pourquoi pas nous.
On partait de la rue de média, on franchissait les remparts « coté quartier
arabe collège de garçons » par une meurtrière assez agrandie à cause de ses
fréquents passages, on descendait vers la route qui mène au moulin BEY, à un
moment donné, on se dirige vers l’oued TOUDMAN, on choisi un endroit assez
pratique pour le franchir et aussitôt dit, aussitôt fait.
On attaque la montée vers la gare, assez pénible d’accès, mais têtus comme
on est, on continue notre ascension tranquillement en marquant quelques
arrêts faisant semblant de regarder vers notre quartier, mais on ne voyait
que les remparts et quelques toitures des maisons proches de ces derniers.
Après quelques instants quand même, nous voici sur le plateau du quartier de
la gare, maintenant direction n la gare. et surtout trouver un coin assez
isolé pour ne pas être pris en « flagrant délit ».
Après avoir prospecté plusieurs sites, on choisi une voie ferrée qui d’après
nous devait être la bonne. On pose sur chaque rail bien en face l’une de
l’autre deux pièces de 5 FR et vite on va se cacher plus loin et on observe.
Rien ne se passe, et cela dure quand même presque ¾ d’heure. Un copain dit:
attendez je vais écouter sur la voie si un train arrive. Il avait vu un film
« Cow-Boy » où un indien s’était couché sur la voie ferrée et avait mis son
oreille contre le rail.
Effectivement au bout de 2 mn il nous dit : Chut, ne faites pas de bruits,
je crois, qu’un train arrive.
Aussitôt nous voilà à couvert dans les herbes qui longeaient la voie ferrée
et on attend sans bruits et sans mouvements, mais l’attente est longue et
rien n’arrive. On se dit: Si on déplace maintenant les pièces quelque un
peut nous repérer et c’est foutu, alors on attend encore un peu on verra
après.
Puis le temps passe et rien ne se produit. Il nous a fallu longtemps pour
comprendre que la voie que nous avions choisie n’était qu’une voie de garage
« de manœuvre » et donc aucun train ne circulait.
Ce que nous n’avions pas pensé aussi c est qu’à cette époque les trains de
marchandises ou autres ne circulaient pas tout le temps, et donc nous étions
venus pour rien, mais tant pis nous avions passé notre temps à croire que
nous allions réussir notre projet.
Quelques jours plus tard, nous décidons à nouveau de mettre notre projet à
exécution, mais cette fois pas au même endroit, on choisi un lieu où les
trains passent vraiment nous décidons de mettre les pièces après la gare
dans un tournant de la voie marchandises, mais rien ne se passe. On hésite
un moment puis on va voir sur les rails: Quelle fut notre surprise, les
pièces sont toujours là, mais aplaties comme des galettes. Depuis l’idée de
faire dérailler les wagons nous a passée.

Gérard CORTES
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