•
C’est comme si une nouvelle maladie
Incurable intraitable venait de naître
En ce printemps 62 ils sont partis
Poussés par cette farce invisible des traîtres
Laissant sur ces terres aimées
Toutes ces années à vivre
A bâtir planter enfanter
Ces jours là une seule pensée survivre
Même atteint de cette maladie indésirable
Qui les accompagnera jusqu’à la mort
Au fond des tripes comme au fond du cartable
Cette Algérie d’avant celle dont on dit sans avoir tort
Qu’elle est ancrée dans nos cœurs
Celle avec qui on vit tous les jours
Qui est devenue notre maîtresse en pleurs
Mais nous donne chaque nuit un peu plus d’amour
Quels péchés avons-nous commis
Pour être bannis de la sorte
Dieu était-il aux abonnés absents dans son paradis
Fallait-il que nous passions par cette porte
Si partir c’est mourir un peu
Partir d’Algérie c’est mourir totalement
Pour espérer revivre ce n'est pas un jeu
Nombreux sont ceux qui n’ont gagné que le firmament
La haut près des étoiles ils s’engueulent avec Dieu
Et veillent sur nous enfants de ce pays
Qui un jour sont partis
Sur un paquebot chargé de larmes sous d’autres cieux
C’est comme si les enfants malades ne guérissaient jamais
Sète juillet 1978
•