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  BETTAN Henri,  RIRI pour les potaches, était une force de la nature, à douze ans, il en paraissait  18,  il mesurait 1,75 m et pesait 80 Kilos.

 Il avait une barbe noire, très drue et dure qu’il rasait chaque matin. Ses poils étaient si raides, qu’il pouvait en frottant sa joue contre la notre y imprégner des traces de griffures.

 C’était aussi un grand sportif, lanceur de poids, il détenait en 1954 et depuis plus de 15 ans le record d’Algérie du lancer du poids catégorie cadets.

 C’était aussi un bon joueur de FOOT, sa place d’arrière, je dirai même de pilier arrière était un rempart efficace pour nos buts et les différents gardiens qui se succédèrent au sein de l’équipe du collège de Mascara.

 Vers l’âge de 17 ans, le besoin de surveillant d’internat se faisant déjà crucial, il avait été invité à occuper ce poste, moyennant quelques avantages :

-Ne pas payer la pension.

-Manger avec les surveillants dans un local à part.

-Continuer à fréquenter tous les cours de sa classe, sans en être dispensé d’aucun.

-Présenter son baccalauréat dans les mêmes conditions que s’il était élève.

 IL accepta immédiatement, son autorité naturelle et sa force peu commune, n’engageant pas les récalcitrants à se mettre trop en évidence !

 Pour nous, rien ne changea, Henri restait identique à lui-même, toujours riant, affable, bon camarade et surtout parfait chanteur.

 Quand il était de service dans notre dortoir, les radios crochets allaient bon train tard dans la nuit.

 Il adorait chanter, son répertoire  était éclectique, sa belle voix de Ténor nous faisait rêver.

 Combien de fois lui ai-je demandé de chanter rien que pour moi ?

 Il le faisait toujours avec gentillesse et sa ‘’Mala Guégna’’ me faisait un tel plaisir, qu’il éprouvait l’envie de reprendre le refrain plusieurs fois.

 Il animait nos déplacements de foot en autocar, longs et fatiguant que, nous  faisions pour jouer contre, Sidi- Bel-Abbes, Saïda, Mostaganem, Oran, en chantant de sa voix chaude et captivante. Il n’était jamais à court d’histoires plus ou moins grivoises, que je ne pourrai pas insérer dans l’armoire du site de Pierre sous peine d’être interdit de publications  portant atteintes à son honorabilité.

 Cependant, il y en a une que je ne peux m’empêcher de vous raconter. (Pardon RIRI de trahir ce secret, il y a prescription !).

 Il devait avoir 13 ans, l’âge de tous les phantasmes et malgré sa carrure d’homme, pendant les vacances d’été son père le mit pour occuper ses loisirs, (à ne rien faire ou, à faire des bêtises), en apprentissage chez le coiffeur de son village. (PALIKAO)

 Ce village n’était pas bien grand, les clients ne s’y pressaient guère, le salon souvent vide, était le prétexte du patron pour aller boire un coup au café d’en face. Pour meubler son temps, Henri eut l’idée saugrenue de tenter une expérience et d’introduire son ZIZI dans le goulot de la bouteille thermos, que les coiffeurs employaient pour maintenir l’eau chaude et faire des shampooings.

 Ce qui devait arriver, arriva. Emoustillé par la douce chaleur du thermos, son ZIZI, enfla, il eut une érection aussi soudaine que brutale et ne pu malgré  ses efforts se dégager.

 Dans l’arrière boutique, il se démenait, forçait, tirait en vain. IL ne pouvait briser l’appareil qui avait une enveloppe métallique.

 Désespéré et honteux, il priait pour que son patron reste plus longtemps au bistrot.

 Hélas, le carillon de la porte d’entrée tinta, indiquant un « intrus » dans son univers…..

 Ce fut pire qu’une douche froide, la peur l’ayant tétanisé, le reste le fut aussi, sans encombre, il se dégagea de son encombrant partenaire.

 La mine réjouie, il prétexta une mise en ordre de l’arrière boutique et tout rentra dans l’ordre.

 Personne n’en su jamais rien si ce n’est quelques intimes. (Encore une fois pardon Henri d’avoir mangé le morceau).      

 Le malheureux Henri, avait eu sa première expérience sexuelle !

 Un après-midi, alors que nous jouions au foot, contre la Légion Etrangère de Mascara et que l’adversaire menaçait nos buts, sur un tir de coin, nous sautâmes en même temps sur le ballon qui arrivait dans nos filets. Je ne sautais pas assez haut, et mon front arriva juste à la hauteur de sa bouche, le coup fut violent.

 Il s’ensuivit un drôle de bruit.

 Henri se baissa, sa bouche saignait. Comme je m’inquiétais de son état, il me regarda, porta ses mains à sa bouche et sanguinolentes deux magnifiques incisives supérieures s’y trouvaient, elles avaient été brisées nettes.

 Il fut évacué et quelques mois plus tard notre bel Henri, avait retrouvé deux nouvelles dents (qu’il doit avoir toujours) toutes neuves. Qu’un orthodontiste  adroit avait implantées.

 Quoique, ayant continué à jouer au foot ensemble, je ne lui  ai  jamais plus brisé de dents, je vous le jure.

 Si, aujourd’hui, j’ai pensé à BETTAN Henri, c’est que  le dénouement de son ‘’pionnicat’’ ne fut pas à la hauteur de ses espérances.

 Un matin, un nouveau surveillant  métropolitain dont j’ai oublié le nom (Mais que j’ai revu en temps qu’instituteur) arriva. Il était imbu de son autorité et préparait une licence d’histoire. (Paraît-il ?)

 Sa petite taille, n’inspirait pas le respect. IL était comme le sont souvent les malingres de son espèce,  hypocrites et méchant.

 Notre brave Henri reprit donc sa place au sein de la communauté des élèves, ne déjeunant plus dans la salle des’’ pions’’,  dormant avec nous  dans le dortoir des grands, étudiant ses cours dans la même étude, il était redevenu  élève à part entière, ce qui n’était pas fait pour nous déplaire.

 Cela ne l’affecta nullement, les costauds savent rester amènes et consensuels.

 Un jeudi, après la classe, nous allâmes en groupe, assister à une conférence dans un cinéma de la ville. Il fallait marcher en rang, deux par deux, nous tenant par la main. Henri en queue du peloton plaisantait, ce n’était pas du goût de notre surveillant malingre qui nous accompagnait. Le comble pour le ‘’ringuard ‘’, c’est quand  RIRI, voyant passer deux filles que nous connaissions, les appela de sa forte voix.

 La coupe était pleine, le minus de sa voix de freluquet lui dit :

  Monsieur BETTAN, vous serez consigné dimanche toute la journée.

 Nous ne pensâmes pas un instant que le tordu, mettrait sa menace à exécution, encore moins RIRI.

 Le samedi après midi, jour de sortie des élèves qui habitaient la région de Mascara, les internes rangés impeccablement sous la galerie, attendaient le bulletin de MILIANI  pour regagner leur foyer. Il y eut un froid à l’énoncé de Bettan Henri.  Miliani d’un mouvement désinvolte, froissa le bulletin, le jeta sur la galerie et lui dit : Pas cette semaine. Tu iras en promenade accompagnée dimanche au bois de St ANDRE.

 Le sang de Henri ne fit qu’un tour, il quitta  les rangs se précipita à toute vitesse dans les galeries supérieures où il avait aperçu le faux jeton qui l’observait narquois.

 Il le prit à la gorge, les yeux injectés de sang, le souleva de terre et fit mine de le projeter dans la cour, six mètres plus bas.

Notre intervention rapide le calma, mais son sort était réglé.

 Le lundi matin, il passa devant le conseil de discipline qui prononça son exclusion définitive du collège.

 Le recteur d’académie  alerté,  aggrava la punition.

 Henri était banni de tous les collèges de France et de Navarre.

 Il continua néanmoins ses études au Maroc, il devint instituteur et exerça  jusqu’à l’indépendance à PALIKAO son village natal.

                                                                                                        Camege