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J'entends:
Le son du clairon venant de la
caserne Soyer rythmant la vie des légionnaires, les pas lents et
martiaux des légionnaires de retour du champ de manoeuvre entonnant un
chant grave commençant par les paroles: les bérets verts partent pour
l'aventure
Les yous yous stridents des femmes
musulmanes qui vivaient dans la cour de ma maison, cris de joie qui
retentissaient lors des mariages
Les cris de douleur du choeur des
pleureuses qui se laceraient le visage avec leurs ongles,cris de
détresse marquant une mort
La clameur immense qui jaillissait
du stade et emplissait la terrasse de grand mère
Je me souviens:
.De la boutique de tailleur de mon
père, rue de Talma (qui savait dans notre bonne ville qui était
Talma?)en ouvrant les persiennes il fallait prendre garde de ne pas
cogner la tête des consommateurs du café maure mitoyen assis a même le
sol occupés a palabrer tout en sirotant ce délicieux thé a la menthe
Des cabanes faites de branches de
palmier, installées en été, sur l'esplanade de la // Rekaba// avec leurs
guirlandes électriques et leurs montagnes de pastèques disposées
artistiquement
De ce pauvre //maboul//qui allait
pieds nus en mimant par le geste et la voix une voiture en marche;
certains prétendaient même qu'il avalait de l'essence pour faire plus
vrai ;allez savoir
Du marchand ambulant de figues de
barbarie qui vous pelait le fruit en un tour de main tout en évitant les
piquants,constipation garantie au bout de la troisième.
Des musulmans en djellaba et
turban arrives tôt le matin,assis et tenant fermement un petit morceau
de ce grossier et épais papier d'emballage faisant office de sésame
d'entrée a la consultation du Docteur Tobellem
D'avoir découvert avec des yeux
ébahis a travers la vitrine du commerçant rue maréchal Joffre, les
premières images de télévision
D'avoir appris la géographie du
massif central avec des noms tels que le forez,le Velay, le Gévaudan,
noms aussi exotiques que mythiques
Des surnoms des profs de
lycée:gousse d'ail, tranche de pain, petit cow-boy; nous avions une
furieuse envie de vivre sans aucune once de haine ( autre temps, autres
moeurs)
Bueno, trêve de nostalgie, le passé est révolu, li
fet met.
Daniel DAHAN
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