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Vous, vous souvenez de la petite feuille pliée en accordéon de Monsieur TAHAR, notre professeur d’Arabe ? Cette petite feuille pliée sur sa longueur qui servait à noter le nom de ses élèves punis ! Elle qui ne quittait jamais sa serviette de cuir, elle y avait élue domicile. Elle n’en sortait que pour accueillir de nouveaux élus et pour être transférée sur le cahier du surveillant, passant régulièrement tous les jours, afin de relever les absences et les consignés. Puis elle regagnait sa place dans sa douillette serviette de cuir marron. Ce cahier, était déposé dans le bureau de MILIANI qui se faisait une délectation à matérialiser ces punitions. Des imprimés mentionnant la punition et ses motifs étaient ainsi rédigés et distribués aux élèves concernés. Nous connaissions, l’existence de cette feuille enfermée dans la serviette de cuir et nous la maudissions. Elle était le reflet de notre paresse et de notre indiscipline. (À notre défense nous étions jeunes.). Nous savions aussi que Mr TAHAR, n’emmenait jamais chez lui sa serviette de cuir marron. (Peut-être était elle trop lourde ?). Il avait pour habitude, de la laisser au collège dans la salle des professeurs à l’intérieur d’une armoire, fermant à clé qui lui était réservée. Cette salle, nous la connaissions bien, elle était sous les galeries, à côté de notre coopérative. Souvent, des professeurs y restaient après leurs cours pour travailler et ne refermaient pas la porte quand ils partaient. Nous l’avions remarqué ! Un certain jour, alors qu’avec plusieurs de nos amis, nous figurions sur cette liste noire, une idée d’abord saugrenue nous effleura. Si, nous, nous en emparions ? Cette idée fugitive, prit rapidement forme. Après le dîner (tout avait été bien préparé), l’un d’entre nous, fut chargé de faire le guet de l’intérieur de la ‘ coop ‘’à travers les vitres, tandis que deux autres pénétrèrent subrepticement à l’intérieur de la salle. Le travail fut enfantin, trouver le placard, crocheter la vielle serrure, ouvrir la serviette de cuir marron qui trônait comme un trophée sur son étagère et prendre sans rien déranger le petit papier plié en accordéon. Tout fut remis à sa place avec le maximum de précaution. Ayant reçu le feu vert du guet, nous quittâmes sans encombre les lieux de notre délit. Notre refuge regagné, la feuille brûlée, toute trace étant effacée, nous redevînmes blancs comme neige !!!!! Le jour suivant, quand le pion passa pour relever les consignés, le prof, chercha dans sa serviette de cuir marron, fouilla longuement toute sa paperasse et perplexe dit au surveillant qu’il n’avait pas de puni cette semaine….. L’affaire avait marché, tout s’était bien déroulé, Mr TAHAR lui même a du longtemps se poser la question de cette disparition spontanée : Où était donc passée ma liste ? On ne recommença plus jamais notre performance, le principal sûrement averti, veilla à ce que la concierge tienne cette salle toujours fermée à clé.
Camège
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