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Par Alain COHEN!
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Baatouche était un propriétaire terrien qui habitait la rue parallèle à la rue Alexandre III. Il était assez corpulent , et parlait d'une voix très grave, reconnaissable à son éternel sarouel blanc ou rayé de gris. C'était l'aîné de trois frères . A la saison des vendanges , il employait plusieurs ouvriers agricoles qu'il payait à " l'élastique " . Il avait en la matière une fière réputation et il s'en sortait bien. Je connais tous ces détails , car mon père Edouard , ébéniste à l'Argoub , lui faisait des menus travaux , des buffets etc.. Ils étaient bons copains , sauf au moment de payer. Il tentait toujours de rogner quelques francs.
Donc à l'époque il n'y avait ni URSSAF , ni fiche
de paye , ni contrat de travail et les journaliers que BAATOUCHE
employait devaient se contenter de peu : quelques francs et
quelques légumes . C'était ça ou rien.
Les horaires de travail étaient plus qu'élastiques , et si on
écoutait Baatouche , on faisait les 35 heures en 3 jours! On ne
devait pas en être loin.
Les pauvres journaliers travaillaient à partir de 7 heures sous
un soleil de plomb . Ils attendaient midi avec impatience et
quand retentissait l'angélus de l'Eglise , à midi , ils
s'arrêtaient , souvent épuisés. A ce moment là BAATOUCHE
arrivait en leur demandant de reprendre le travail , il n'était
pas midi . Il leur disait , ce n'est pas les cloches de midi, on
sonne les cloches car on enterre un roumi !!!(un roumi = un
chrétien )
Autre réponse, l'horloge de l'église est en panne, on n'a trouvé
personne pour la réparer!! Jusqu'au jour où un de mes voisins
qui travaillait chez lui, a lancé :" C'est toujours à midi
qu'elle tombe en panne " !!!
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