LE PROFESSEUR EL BOUDALI SAFIR

ACCUEIL Armoire aux souvenirs

 

En octobre 1936, venant de l’École Alexandre III, je
suis arrivé à l’E.P.S. de garçons où j’ai connu Madame
SAFIR, puis Monsieur DUPAQUE, pour arriver après
le Certificat d’Études Primaires dans ce que l’on
appelait la classe préparatoire aux Cours Complémentaires
C’est à ce moment que j’ai eu comme professeur
de français et d’arabe Monsieur Hadj Boudali SAFIR.
De nos relations élève-professeur, j’ai beaucoup de souvenirs
agréables, mais un en particulier pas bon du tout.
Lors d’une des premières leçons d’arabe, Monsieur
SAFIR nous a appris l’alphabet arabe : Alif, ba, ta,
tha… qu’on récitait tous en cœur : « Ali batata… » ce
qui mettait le professeur en colère : « Ici, nous sommes
en cours d’arabe et non en cours de pommes de terre ! »
et il frappait le bureau de sa règle en ébène dont les
arêtes étaient garnies de tiges de métal (les coups de
règle sur les doigts étaient interdits). Il nous a enseigné
l’écriture et la lecture de l’arabe littéraire, il nous
apprenait des chansons et des poèmes, nous racontait
des histoires en arabe, certaines fois il venait avec son
phonographe et des disques et comme nous étions pour
la plupart de grands philosophes, on se disait :
« Pendant qu’on fait ça, on ne fait pas autre chose. »
C’est par lui que j’ai appris une grande partie de ce que
je sais sur la période arabe de Mascara en général et
d’Abd-El-Kader en particulier. Monsieur SAFIR
connaissait beaucoup de choses sur l’Algérie, son
histoire, son relief, ses cours d’eau, etc… Bref, il était
autant historien que professeur. Le 31 octobre 1940,
jour de mon départ tumultueux de l’EPS, je lui ai dit
adieu en arabe et en français. Je salue ici sa mémoire.