|
Il me vient à l’esprit une histoire (vraie !) que m’a racontée mon père, alors que j’avais une douzaine d’années, quand nous allions à la chasse à un endroit qu’on appelait Terre Rouge, dans le djebel Tifroura, en face du petit fort, sur la route de Dublineau, en un lieu qui a été nommé Crève-Coeur par les soldats du Général Bugeaud. Cela pour situer l’action. Après la guerre de 1914, Madame Copey était propriétaire d’un hôtel à Mascara, qui deviendra Hôtel Bourelly, puis Hôtel Frezouls. C’était une des rares femmes de l’époque à conduire une automobile. Un jour qu’elle se rendait à Oran, elle rata le grand virage qui se trouve juste après le fort, et elle défonça le petit parapet. Sa voiture demeura en équilibre sur le bord du ravin, profond à cet endroit d’une cinquantaine de mètres. Elle ne pouvait pas faire un mouvement risquer de basculer dans le vide. C’est un berger qui passait par là avec ses moutons et son bourriquot quelques heures plus tard qui a réussi à la tirer de ce mauvais pas. De retour à Mascara, elle ne manqua pas de raconter sa mésaventure et fit reconstruire à ses frais le parapet qu’elle avait démoli. Un petit orifice fut laissé au pied du mur, pour l’écoulement de l’eau de pluie. Un petit dégourdi, qui est resté inconnu, a écrit à la peinture à l’huile : le trou de Madame Copey. Quand la dame a été au courant, comme la peinture ne pouvait s’effacer, elle a fait démolir, puis reconstruire le mur. Il n’empêche que le nom est resté gravé dans les mémoires. Peut-être que certains adhérents de ma génération (plus de 70 ans) en ont entendu parler.
10 mai 1999
|