LE CIRQUE AMAR

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Alors que nous avions une douzaine d’années, nous
allions à la gare de Bab-Ali assister à l’arrivée du train
spécial CIRQUE AMAR, avec les wagons, roulottes et
autres cages à fauves décorées de clowns, chevaux,
lions, etc… Mais le spectacle qui nous plaisait, c’était
de voir des éléphants poussant des roulottes ou défilant,
la trompe de l’un attrapant la queue de celui qui le
précédait. Tous ces animaux étaient caparaçonnés de
couleurs vives et le premier avait sur son cou un cornac.
Le cirque s’installait au stade Greffier et pour y accéder,
il fallait démolir le mur qui donnait sur la route de la
gare de Bab-Ali. C’est à cet endroit que stationnait
l’énorme groupe électrogène qui alimentait le cirque et
ses dépendances en électricité. Les artistes avaient leurs
loges dans des roulottes. On ne les appelait pas encore
caravanes. Comme c’est l’usage, quelques dégourdis,
qui n’étaient plus des gamins, obtenaient des places
gratuites moyennant leur participation à l’édification du
chapiteau ou en trimballant des seaux d’eau ou des
bottes de paille pour les animaux. Quand nous allions
avec nos parents visiter la ménagerie, on frémissait
devant les lions et les tigres, on rigolait devant la girafe
avec son énorme langue qui se déroulait comme un serpent.
Devant les éléphants, on se racontait l’histoire
de l’éléphant qui avait peur de la souris, on nous avait
dit qu’elle rentrait dans sa trompe.
Quand tout était en place, c’était la grande parade avec
les animaux et les artistes en tenue de travail qui
défilaient dans la ville et les faubourgs. On peut dire
que l’arrivée du CIRQUE AMAR était un événement.
On en parlait bien avant son arrivée et longtemps après
son départ. Lorsque le cirque repartait, le stade était
remis en état.
Je me souviens que le CIRQUE ANTONIO, quand il
venait en été, ne dressait que les murs de son chapiteau
place de l’Argoub, ce qui nous permettait de voir à l’œil
les évolutions des trapézistes. Quelques années
auparavant, c’était le CIRQUE HONORATO dont un
des frères a eu un accident mortel au cours d’un numéro
de trapèze volant. Comme on n’avait pas beaucoup
d’argent, on s’installait sur les gradins en bois et les
clowns nous interpellaient : « Vous, là-bas, sur les
étagères… » et on se marrait.